La grande abbaye située au choeur de la Brenne, à Méobecq et vouée à l'ordre bénédictin, aurait été fondée par Saint Cyran, haut dignitaire ecclésiastique et qui, souhaitant se retirer, obtint la concession de la terre de Méobecq à l'époque mérovingienne, sans doute pendant le règne de Dagobert (628-638).
L'abbaye s'agrandit jusqu'à devenir une importante communauté monastique si l'on en juge par la monumentalité de l'église abbatiale consacrée en 1048 par l'archevêque Aymon de Bourges en présence de nombreux prélats, moines et religieux.
En effet, l'ancienne abbatiale dédiée à Saint Pierre et Saint Paul est un des édifices-clés, méconnu trop souvent, de l'art roman du XIe siècle en Berry. Le promeneur averti peut encore s'imaginer aujourd'hui au vu de l'église, des bâtiments de la rue du Portail et en longeant par un petit chemin l'ancienne enceinte qui clôturait l'abbaye et ses jardins, le visage de la puissante abbaye médiévale.
Classée MonumentHistorique dès 1840, l'ancienne abbatiale est particulièrement révélatrice des choix architecturaux du second quart du XIe siècle, nourris de tâtonnements, d'incertitudes et de changements de parti en cours de construction.
Elle offre un plan à chevet très développé avec cinq chapelles échelonnées, plan dit " bénédictin " peut être influencé par celui de la grande abbatiale de Déols, s'ouvrant sur un vaste transept initialement charpenté et continu.
Dans un désir de modernisation, le transept fut remanié afin d'adopter une croisée rectangulaire, favorisant la communication entre la nef et le transept au détriment de l'entrée dans les bas côtés du choeur, perturbées par l'implantation de supports massifs en plein milieu.
La nef unique, charpentée, large d'une dizaine de mètres, a souffert des guerres de religion et du passage de l'armée du Prince de Condé en 1569 qui la laissa après son incendie, irrémédiablement tronquée. Elle fut fermée par un mur provisoire en 1658 et ne comporte plus que trois travées alors qu'elle atteignait à l'origine trente mètres environ de long.
A l'intérieur, les grands chapiteau surprennent par la qualité de leur traitement monumental et leur parenté avec la sculpture du rez-de-chaussé de la tour porche de Saint Benoît sur Loire.
La venue sur le chantier de Méobecq d'un sculpteur ayant travailléà Saint Benoît sur Loire a été maintes fois suggérée par les historiens de l'art.
Les restaurations du XIXe siècle sont l'oeuvre de l'architecte Darcy de 1882 à 1886 et concernent la reconstruction du bras sud du transept et sa chapelle orientée (effondrés en 1838), la reprise de l'appareil du chevet et la réfection systématique des corniches. L'intérieur avait déjà été refait par Dauvergne quelques décennies plus tôt.